mardi 18 août 2015

Le Montespan de Jean Teulé


Julliard Editions


C'est en lisant une critique sur Héloïse Ouille, le nouveau roman de Jean Teulé, que je me suis enfin décidée à me pencher sur cet auteur dont je n'avais lu aucun livre jusqu'alors. Ma petite bibliothèque municipale n'étant guère fournie, ni à jour en matière de sorties littéraires, j'ai jeté mon dévolu sur Le Montespan de Jean Teulé, sorti en 2008.

« Le » Montespan - l'italique dans le titre a toute son importance. Car Jean Teulé choisit un point de vue original pour nous présenter un épisode de l'histoire de France : celui du cocu rebelle qu'a été Louis Henri de Pardaillan de Gondrin, malheureux époux de la « plus grande catin de France », Françoise Athénaïs de Rochechouart de Mortemart, marquise de Montespan et favorite du roi Louis XIV de 1667 à 1691.

Louis Henri de Pardaillan de Gondrin est amoureux fou de la sublime Françoise. Mais sa passion pour les jeux et des expéditions militaires malheureuses ont raison de sa fortune et font vivre sa famille dans une certaine indigence. Mais Françoise, une beauté à l'esprit vif, se fait vite remarquer et introduire à la Cour, où, charmée par le luxe qui y règne, elle ne tarde pas à devenir la maîtresse du Roi Soleil. Fou de jalousie, Louis Henri n'aura de cesse de se rebeller contre le souverain, à une époque où laisser sa femme dans le lit du roi permettait d'en retirer gloire et richesses. Il se présentera même à Versailles dans un carrosse repeint en noir et surmonté de gigantesques ramures de cerf (les cornes du cocu), et tentera toute sa vie durant de reconquérir son amour perdu - en vain. 

Voilà un roman bien agréable à lire, assez léger, qui nous promet un voyage historique fort intéressant et pose un regard extérieur sur le petit monde des courtisans. Ce livre est écrit comme une véritable farce, qu'on imagine aisément jouée au théâtre.

Néanmoins, je n'en ai que moyennement apprécié le style. D'une part, il y a un décalage assez absurde de langage tout au long du roman entre l'époque relatée, le très précieux XVIIème siècle, et le vocabulaire moderne employé. Les personnages, et l'auteur également, s'expriment en effet dans un style relativement contemporain et surtout très vulgaire parfois. Ainsi, par exemple, ce passage : « Le petit pénis arrogant du roi est entouré à sa base d'un magnifique collier de perles qui bat contre ses couilles. » S'il s'agit là de l'humour tant mis en avant dans la promotion de ce bouquin, je n'ai pas beaucoup ri...

La vulgarité des propos et des actes (Louis Henri, et les hommes en général, sont systématiquement en rut face à la belle Françoise), sont un peu trop présents à mon goût. Il ne s'agit pas de pudibonderie, mais on se demande pourquoi l'auteur s'obstine à tant en faire. Pour illustrer le libertinage ambiant ? Mouais... 

Mais surtout, et c'est le plus gros reproche que j'ai à faire à ce roman, les faits historiques relatés ne sont pas nécessairement vrais, et les dates pas respectées. Car même s'il s'agit de l'Histoire romancée, Le Montespan est présenté comme un roman historique. J'aurais préféré que tout soit avéré, et non pas transformé au service de l'intrigue, histoire d'en apprendre tout en me distrayant.

Le Montespan de Jean Teulé est donc un roman sympathique, un divertissement, qui a le grand intérêt de nous donner envie d'en savoir encore plus sur les Montespan, leur époque et les personnages qui ont gravité autour d'eux, mais il ne faut pas prendre tout ce qui y est écrit pour argent comptant.



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