mercredi 7 octobre 2015

Les enfants de minuit de Salman Rushdie



Folio


Attention, chef d'œuvre ! Et ce n'est pas uniquement moi qui le dis : Les enfants de minuit de Salman Rushdie, paru en 1980, s'est non seulement vu décerné le fameux Booker Prize à sortie, mais a aussi été élu meilleur Booker Prize de l'histoire en 2008. Excusez du peu...

Le 15 août 1947, à minuit exactement, l'Inde accède à l'indépendance. C'est à ce moment précis que le héros et narrateur, Saleem Sinai, choisit de naître. Ils seront en tout mille et un enfants, comme lui, à voir le jour au milieu exact de la nuit. Une naissance qui lie irrémédiablement leur destin à celui de leur pays et leur octroie des pouvoirs exceptionnels. Afin de mieux le connaître, Saleem Sinai se propose de tout reprendre depuis le début, et nous raconte l'histoire incroyable des différents membres de sa famille. 

Ce pavé de 800 pages ne se lit pas, il se dévore. Si la perfection n'est pas de ce monde, Les enfants de minuit de Salman Rushdie s'en approche indubitablement, tant au niveau du fond que de la forme. Tout au plus peut-on regretter quelques longueurs à l'extrême fin de ce récit burlesque (dans le seul but de chipoter). L'auteur et son narrateur nous emportent en effet dans un véritable tourbillon d'événements et d'histoires rocambolesques avec les (més)aventures de la famille Sinai, qui aiguisent la curiosité du lecteur de la première à la dernière page.

L'écriture, fluide, reste plutôt simple d'accès mais n'en est pas moins riche et poétique. Le style est recherché, avec force flashbacks et prolepses, métaphores, etc... Preuve qu'il n'est pas besoin d'utiliser des mots compliqués et des structures syntaxiques über élaborées pour s'exprimer avec génie. Un exemple tout bête - une image forte dès les premières lignes du roman : « Il était une fois... je naquis à Bombay. Non ça ne marche pas, il ne faut pas perdre la date de vue (...) A minuit sonnant, exactement. Les bras de la pendule ont joint les mains pour m'accueillir avec respect. »

L'intelligence transpire de ce roman (on ne peut d'ailleurs que saluer le travail du traducteur) sans pour autant être une souffrance pour le lecteur. Lequel se voit plongé de manière inattendue dans l'histoire de la toute jeune et à la fois millénaire Inde.

Salman Rushdie, Les enfants de minuit, Folio, 816 p. (11,90€)