vendredi 5 août 2016

Le Crépuscule d'une idole de Michel Onfray


Poche


Avec Le Crépuscule d'une idole, L'affabulation freudienne, Michel Onfray s'attaque à un géant. Dans ce livre au titre bien choisi, qui résume parfaitement le propos de son auteur, Michel Onfray tente de faire tomber de son piédestal l'idole Freud en démontrant comment, faisant fi d'une véritable démarche scientifique, le père de la psychanalyse a élaboré une théorie universelle de la psychologie humaine à partir de sa seule histoire personnelle. Le névrosé Freud a souffert d'un désir incestueux vis-à-vis de sa mère ? L'ensemble de l'humanité souffre donc du complexe d'Œdipe. Sigismund a souhaité la mort de son petit frère pour rester le fils adoré ? Chaque enfant désire plus ou moins inconsciemment la disparition de ses puînés. Si tout le monde partage ces désirs, l'anormalité n'a plus rien d'anormal. 

Grâce à un travail de recherche qui semble titanesque (et malgré l'impossibilité d'accéder à certaines correspondances qui n'ont pas encore été rendues publiques), Michel Onfray nous dépeint un Freud avide de richesse et de succès, prêt à retourner sa veste et à falsifier les résultats de ses recherches pour faire fortune.

Si les arguments d'Onfray font mouche (effectivement, Freud est peut-être plus conservateur qu'il n'y paraît), je ne peux cependant personnellement pas m'empêcher de continuer à être plutôt d'accord avec le discours psychanalytique (oserais-je dire que j'y « crois », comme on aurait foi en une religion et valider de fait le thèse d'Onfray pour qui la psychanalyse a été élevée en religion et défendue parfois de manière violente par des fidèles aveugles et enragés ?).

Certes, tout voir sous le prisme du sexuel comme le conçoit la psychanalyse semble parfois ridicule, mais Onfray ne propose pas véritablement d'argumentaire alternatif dans ce livre. En fait, je n'ai pu m'empêcher de penser à la lecture du livre que Michel Onfray n'avait sans doute pas tout à fait tort, mais que pourtant les thèses du génial Freud demeurent tout à fait pertinentes.

Pour ce qui est de l'écriture à proprement parlé, j'ai été agréablement surprise par le style de Michel Onfray : dans son immense majorité, le texte est accessible et pas (trop) rébarbatif. Le vocabulaire employé est relativement simple, souvent teinté d'ironie. Il faut dire que je me préparais à devoir m'attaquer à un texte plein d'emphases et bourré de jargon psychiatrique. Mais il n'en est rien, sans doute grâce au fait qu' Onfray soit professeur et ait l'habitude de chercher à se faire comprendre de ses élèves.

Par contre, outre des démonstrations parfois répétitives, quelques erreurs grotesques apparaissent à plusieurs reprises dans le livre, et ce, dès les premiers chapitres, qui m'ont laissée quelque peu pantoise. Comment peut-on non seulement commettre de telles erreurs mais surtout comment ont-elles pu passer à la trappe lors de la relecture ? Onfray confond notamment plusieurs fois géocentrisme et héliocentrisme, théories qui lui servent à valider son propos. De telles erreurs en laissent craindre d'autres sur la psychanalyse elle-même. J'ai en outre eu le sentiment, bien que je sois incapable de pouvoir le démontrer, que certains extraits et citations pouvaient être sortis de leur contexte.

Je ne connais malheureusement pas suffisamment ni la vie, ni le travail de Freud pour savoir lequel de Freud ou Onfray est dans la vérité. Mais peu importe, le livre d'Onfray demeure intéressant et utile : la psychanalyse est peut-être effectivement moins une science qu'une philosophie, mais sa critique ne peut en tout cas qu'être enrichissante. Il est en effet toujours bon d'avoir un autre point de vue pour forger son propre avis sur une question.